Etre critique ne signifie pas forcément être un monsieur-je-sais-tout arrogant 😉 C’est en fait l’opposé : être capable de partager avec ses paires son point de vue sur leurs photos, et être capable de progresser ensemble. Oui, ensemble. Et, au final, devenir un meilleur photographe. Intéressant, non ?
Strangers in the Dark VII. Cluj-Napoca, Roumanie, 2016. Tirage d’art en édition limitée.
Cette photo a subi plusieurs sessions de critique, en interne (par moi-même) et en externe (par des collègues photographes) avant d’atteindre sa forme finale.
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Critiquer les œuvres d’autres photographes
J’adore donner un avis constructif sur les photos d’autres photographes. Essayer de comprendre les forces et les faiblesses d’une photo, partager son point de vue et éventuellement proposer une différente approche. C’est une expérience enrichissante pour chacun : vous aidez un photographe à progresser, tout en développant votre habilité à analyser les photos des autres. En cherchant à comprendre comment et pourquoi une photo a été faite d’une certaine manière, on s’auto-éduque !
Le plus difficile, et de loin, est de trouver un contexte correct pour produire une critique. Le photographe doit accepter le fait que les avis et retours ne seront pas forcément 100% positifs. Bien sûr, le critique doit aussi formuler son retour d’une manière polie, objective et constructive. Les réactions suite à une critique peuvent parfois être animées, mais sont souvent intéressantes, si chaque intervenant réussit à garder un niveau de langage correct. C’est aussi un moyen de progresser dans ses capacités de communication 😉
Mon expérience montre que la critique constructive marche mieux en groupes restreints (dans la “vraie vie” ou dans les mondes virtuels), plutôt que dans de larges communautés. Connaître les personnes impliquées dans la discussion, même virtuellement, rend les choses bien plus faciles. C’est pour cela que je participe activement à plusieurs petits groupes de critique de photos. Au bout d’un moment on se connait, on prend les choses d’une manière moins personnelle, et on apprécie davantage les progrès de ses collègues.
Etre son propre critique
Et le meilleur arrive : devenir son propre critique. Après des années passées à analyser les photos des autres j’ai réellement pu commencer à appliquer le même processus à mes propres photos. C’est beaucoup plus difficile car il est quasi-impossible d’être totalement objectif sur son propre travail. Mais développer cette capacité de se détacher au maximum de son travail et de le regarder avec un réel œil critique est un superbe atout.
Quel est le gain ? Je suis maintenant capable de bien mieux filtrer les photos que je publie, physiquement ou virtuellement, dans un sens où je suis capable d’identifier les forces et les faiblesses de mes photos en mettant de côté l’attachement émotionnel que je peux avoir avec elles. Bien trop souvent j’ai pensé qu’une photo était bonne parce que j’avais une quelconque connexion avec… pour au final me rendre compte qu’il n’y a rien d’exceptionnel. L’émotionnel est extrêmement important au début de la chaîne, lors de la prise de vue, mais en sortie, mon avis est qu’un sérieux traitement analytique doit s’effectuer sur chaque photo pour en découvrir sa vraie valeur.
Donc, prenez votre temps, jetez un œil frais mais neutre sur les photos que vous souhaitez publier.
En conclusion
Pour conclure rapidement sur ce sujet :
- Ne jetez pas seulement un œil à une photo, essayez de la comprendre
- Partagez vos commentaires avec d’autres photographes, et surtout avec l’auteur de la photo, d’une manière courtoise et constructive
- Critiquez votre propre travail !